Encore une fois, on peut lire dans la presse un article tellement emprunt de fausses vérités qu'il en devient choquant. On note tout de suite l'empreinte d'un procès à charge contre les "pesticides" sans aucun discernement mais pire, en plus d'une méconnaissance de la réglementation française en matière de produits de protection des cultures, il s'agit d'une insulte faite à tous les scientifiques et en particulier à ceux qui travaillent pour trouver des alternatives respectueuses de l'environnement. Dans cet article, tout est fait pour semer une fois de plus la confusion auprès du grand public. "Le problème de l’acide [pélargonique], c’est qu’il agit comme du vinaigre blanc." Les produits à base d'acide pélargonique n'ont absolument rien à voir avec le vinaigre blanc qui lui est composé d'acide acétique. Quand on parle d'acide pour l'acide pélargonique, cela réfère à une fonction chimique acide contenue dans la molécule mais qui n'est pas en lien un quelconque effet pH dans son activité. Tout comme l'acide oléique contenu dans l'huile d'olive, l'acide pélargonique fait parti de la grande famille des acides gras et n'est pas soluble dans l'eau à l'inverse de l'acide acétique. Tout comme le vinaigre est utilisé pour dissoudre le calcaire, l'acide acétique va s'attaquer au carbonate de calcium présent dans la cuticule des plantes qui est une protection contre les agressions extérieures et ainsi la fragiliser mais cela va également entraîner une acidification du terrain qui est problématique pour la vie microbienne. La cuticule des plantes étant riche en acides gras, ceci permet à l'acide pélargonique, également un acide gras, de pénétrer dans cette cuticule et de la désorganiser. La plante n'ayant plus sa protection, les UV et la chaleur du soleil vont aller attaquer les cellules épidermique situées en dessous de la cuticule et provoquer le dessèchement de la plante. L'acide pélargonique agit donc à l'inverse d'une crème solaire. Pour toutes ces raisons, mettre dans le même panier les acides gras type octanoïque, nonanoïque =pélargonique et decanoïque avec l'acide acétique est un raccourci un peu trop rapide. "La seule différence, c’est qu’ils [les acides gras ou acétique puisqu'ils sont mis dans le même panier] ne vont pas polluer le sol comme le glyphosate". C'est vrai pour l'acide pélargonique qui est rapidement métabolisé par les microorganismes du sol comme source de carbone. Par contre, ce n'est pas le cas de l'acide acétique dont les effets d'acidification du sol sont néfastes. "Un particulier va pulvériser un litre de glyphosate sur 1 000 m². L’agriculteur en utilisera autant sur un hectare. Il y a un problème de dosage." Sauf que dans le cas ou un particulier a accès à la même matière active qu'un professionnel, la formulation est bien moins concentrée. Lorsqu'il était autorisé, on trouvait des formulations de glyphosate pour le jardin à 7,2 g/L alors que les formulations professionnels sont majoritairement du 360 ou du 450 g/L. Il existe pour le particulier des formulation prêtes à l'emploi comme inscrit sur les flacons de Roundup à base d'acide pélargonique illustrant l'article pour lesquelles aucune dilution n'est requise. De fait, un particulier qui applique sur 1 000 m² un litre du produit qu'il trouve en jardinerie n'applique pas par unité de surface la même quantité de matière active qu'un agriculteur qui applique un litre de produit pour professionnel. C'est bien en matière active qu'il faut raisonner et pas en litre de produit acheté. Chaque produit a des recommandations d'utilisation émises par l'ANSES qui doivent être respectées, tant par le professionnel que par le particulier. "Preuve que les remplaçants du Roundup ne sont pas moins dangereux, le magasin Bricomarché a placardé un panneau à l’entrée du rayon désherbant. Celui-ci conseille de ne pas traiter près de points d’eau, pour éviter toute pollution". Depuis quand Bricomarché est habilité à juger de ce qui est dangereux et de ce qui ne l'est pas? C'est l'ANSES qui détermine les zones de non-traitement ZNT lors de l'homologation des produits. Il se trouve que des formulations de soufre, fongicide largement utilisé en agriculture biologique, ne sont pas autorisées à moins de 5 mètres d'un cours d'eau. Cette ZNT peut même monter à 50 mètres dans le cas de certaines formulations de cuivre, un autre produit utilisé en agricultuire biologique. Bricomarché ne fait donc que reprendre une information légale obligatoire. Tout est dangereux si on ne l'utilise pas correctement, une lame de rasoir, une allumette, un crayon... Ce genre d'articles, même s'il ne sont pas écrit dans cet objectif, entretient un flou dans l'esprit des lecteurs qui pour un grand nombre, n'ont pas les moyens d'avoir un regard critique sur ce qu'ils lisent, tout simplement car ces sujets nécessitent des connaissances approfondies qui ne peuvent être résumées en quelques phrases. Ces sujets importants sont malheureusement très souvent traités avec un manque de connaissances, une certaine partialité et donc plus proche de la diffusion d'un avis affirmé plutôt que de la simple information qui devrait être l'objectif initial.